Ralentissement de la croissance économique en Chine : quelle menace pour l’économie mondiale ?
C’est un fait : après deux années exceptionnelles qui ont suivi la récession mondiale due à la crise, la croissance de l’économie chinoise commence à ralentir. Entendons bien qu’elle reste largement positive, mais diminue depuis quelques mois. Dans de nombreux secteurs d’activité les commandes se font plus rares et les chefs d’entreprise sont de plus en plus pessimistes quant à leurs perspectives de développement. En témoigne par exemple l’industrie automobile, très bon indicateur de la santé industrielle d’un pays, qui stagne depuis un mois. Après avoir alimenté le marché américain pendant deux ans, les constructeurs ont en effet réduit la production. La question du rôle de l’inflation dans le ralentissement de la croissance est ici cruciale. Certains économistes affirment que si les efforts mis en place par le gouvernement chinois pour contenir l’inflation ont freiné la croissance, un relâchement dans la politique anti-inflation aboutira automatiquement à une reprise de la croissance. Pour d’autres, le risque inflationniste est si fort qu’il est indispensable de maintenir, voire de durcir de telles mesures, ce qui mènera inévitablement à une baisse de la croissance.
Inutile bien sûr de rappeler à quel point l’économie chinoise est devenue un des piliers (sans doute même le plus important) de la santé économique et financière mondiale ; tous les pays sont donc plus ou moins directement concernés par ce phénomène nouveau qui influence particulièrement le marché industriel par l’importance à la fois de son offre et de plus en plus de sa demande.
Cependant, malgré les signes de ralentissement, la grande majorité des chefs d’entreprise et des politiques restent très optimistes en particulier sur le moyen et long terme, et refusent de parler de « hard landing ». Et même si Goldman Sachs a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour le 2ème trimestre 2011 (de 8,8% à 8%), le géant financier prévoit une croissance de 9,3% pour le dernier trimestre 2011. Les plus optimistes remarqueront même qu’en dépit des nombreuses mesures économiques restrictives visant à limiter l’inflation mises en place par le gouvernement chinois depuis octobre (limitation des prêts accordés par les banques, durcissement des conditions d’hypothèque pour éviter la formation d’une bulle immobilière, etc…) l’économie chinoise s’est développée de manière régulière et robuste. La véritable question qui se pose aujourd’hui reste celle qui a toujours fasciné les économistes contemporains : non pas faire un choix entre croissance et faible inflation, mais quand et comment arrêter les mesures anti-inflationnistes et jusqu’à quel point accepter une décélération de la croissance avant d’instaurer des mesures de reprise pour réamorcer la pompe ?